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Auteur(s) : Flammarion, Camille (1842-1925)
Titre(s) : La Fin du monde [Texte imprimé] (1893)
Publication : Paris : Ernest Flammarion, ?
Description matérielle : 418 p., 19 cm
Je ne crois pas que ce soit l'édition originale.
Jacques Van Herp, dans son Panorama de la Science-Fiction, en dit ceci :
"[...]La fin du Monde (1893) de Camille Flammarion (qui sonna comme une fanfare) est un modèle de ce qu'il ne fallait pas faire.
L'auteur entrelace à plaisir les thèmes les plus divers. D'abord une comète qui se dirige vers la Terre, et les Martiens qui nous en informent. En dépit de la grande peur, ce ne sera là qu'une fausse alerte, le plus clair étant que les fragments de comète tombés dans l'océan forment des îles nouvelles (on ne sait comment toutes se voient dotées d'un pavillon anglais). Apparaît aussi une machine de guerre anticléricale. Le concile réuni au Vatican va proclamer la divinité du pape en tant qu'inspiré par le Saint-Esprit (on sent que la bataille de l'infaillibilité pontificale est encore proche). Les Martiens annoncent que la comète se dirige vers Rome. N'importe ! L'existence des Martiens est hérétique et l'on ne tient pas compte de l'avis (alors que, dans La pluralité des mondes habités, Flammarion avait rassemblé une importante moisson de textes ecclésiastiques pour dire le contraire). Le Vatican est écrasé... ainsi que tous les évêques : il est impossible dès lors d'élire un nouveau pape et c'est la fin de l'Eglise... Les jésuites auraient bien trouvé une entourloupette... Dans la seconde partie du roman, la Terre meurt naturellement par le froid, le dernier couple attendant la mort en Egypte. Mais survient l'ombre de Chéops qui emmène les âmes dans Jupiter (sic). Et cela se poursuivra toujours, toujours les âmes transmigreront vers de nouvelles terres, car l'univers est infini. Une planète peut disparaître, mais le monde, lui, ne peut finir, pas plus que la vie s'éteindre, qui perdurera dans l'éternité du temps. Amen ! Enfin, il faut remercier Flammarion d'avoir donné le branle, et lui pardonner d'avoir inspiré un film à Abel Gance qui bousculait allégrement les bornes du ridicule. Il faut aussi lui savoir gré d'avoir engendré tant de romans de fins du monde."
Quelques liens sur le film d'Abel Gance :
http://dvdtoile.com/Film.php?id=30279#resume
http://cinecritiques.free.fr/site/index … abel-gance
>>> Gil
Pris en compte, merci !
Dernière modification par caine (01-03-2008 12:18:38)
"Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qu'il s'est passé."
Terry Pratchett
Hors ligne
Article de Adolphe BRISSON, paru dans le numéro 336 du 1er décembre 1889 des Annales Politiques et Littéraires.
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Livres et Revues.
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URANIE, chez Marpon et Flammarion, par Camille FLAMMARION .
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Je viens de lire « Uranie ». J’ai les yeux pleins d’étincelles et de rayons. Il me semble que des millions d’étoiles gravitent autour de moi, je suis tout étourdi de cette promenade à travers l’espace, et je puis vous dire le mépris que m’inspire ce grain de poussière, cet amas de boue, ce misérable atome qu’on nomme la Terre….
Je vais suivre M. Flammarion dans son voyage, -autant, du moins, que mes faibles ailes me le permettront.
M. Flammarion nous conte l’aventure mystérieuse d’un de ses amis, Georges Spero, jeune savant fauché dans sa fleur, et mort comme vous allez voir, dans des circonstances déplorables. – Ce Georges Spero était hanté par l’inquiétude de l’existence future, par le problème de la vie et de la mort. Il s’occupait d’astronomie, et la nuit, juché sur la plus haute tour de l’observatoire, il contemplait l’infini ; il se demandait, en voyant luire ces étoiles, ces soleils, ces planètes, si chacune d’elles ne renfermait pas une humanité, semblable ou supérieure à l’humanité terrestre ; il se demandait aussi, si son âme, une fois dégagée de l’enveloppe mortelle, n’émigrait pas vers ces patries inconnues. Irait-elle se fixer dans Mars, ou dans Saturne, ou dans Vénus, ou, plus loin encore, dans une de ces terres mystérieuses et presque invisibles, qui compose le flot harmonieux de la Voie Lactée ?
Georges Spero se creusait la tête pour élucider ce fatal problème ; il marchait tout éveillé dans son rêve. La Terre existait à peine à ses yeux, il méprisait l’ambition, dédaignait la gloire, ignorait l’amour. Ah ! si le hasard avait mis sur sa route une habitante de Vénus ou de Saturne, peut-être, l’eût-il adorée ; mais une créature terrestre, fi donc ! Cela compte t-il dans l’univers sidéral ? Georges Spéro avait tort de railler l’amour ; l’amour se vengea.
Un jour, notre savant rencontra en Norvège une jeune fille. Il la trouve suave ; de son côté, elle le trouve charmant. Ils causent. La jeune fille s’intéresse aux choses de l’astronomie. O bonheur ! Georges Spéro se lance dans de nuageuses dissertations ; on l’écoute, on le comprend, on l’encourage. Spéro revient le lendemain ; l’entretien se poursuit, pendant deux jours, pendant huit jours. Spéro, follement épris, demande la main de la belle ; on la lui accorde. Il passe avec elle des soirées exquises à observer les lunes de Jupiter et les anneaux de Saturne. Quelques jours avant la célébration du mariage, Georges Spéro achète un aérostat, et, désirant examiner de plus près les merveilles du firmament, il grimpe dans la nacelle, prend avec lui sa fiancée, et l’enlève au nez de son futur beau-père ébahi…. Ce procédé est d’une rare indélicatesse. L’audacieux jeune homme en est puni. Le ballon crève dans les airs. Les deux amoureux sont précipités dans l’espace et viennent s’anéantir sur le sol…
Voilà, me direz-vous, une affreuse histoire. Rassurez-vous ! Elle est couronnée par un épilogue plus heureux.
Spéro et sa fiancée ne sont pas aussi morts qu’ils en ont l’air. Leurs corps est détruit, mais leur âme est immortelle ; elle quitte cette Terre, elle émigre vers la planète Mars. C’est là que nous retrouvons les deux héros. –M. Flammarion nous conte avec un imperturbable sérieux que le spectre de son ami Spéro lui est apparu, un soir, dans le jardin de l’observatoire.
Il a arraché à ce spectre des confidences sur ce qui se passe à la surface de Mars. Il a commencé par l’interroger sur les habitants, Spéro ne s’est pas fait prier pour lui répondre :
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Le sexe féminin règne en souverain, par une supériorité incontestable sur le sexe masculin. Les organismes sont légers et délicats, la densité des corps est très faible, la pesanteur plus faible encore ; à la surface de ce monde la force matérielle ne joue qu’un rôle secondaire dans la nature ; la finesse des sensations décide de tout. Il y a là un grand nombre d’espèces animales et plusieurs races humaines. Dans toutes ces espèces et dans toutes ces races, le sexe féminin est plus fort (la force consistant dans la supériorité des sensations)
Voilà quoi est flatteur pour le sexe faible, M. Flammarion est le plus galant des hommes. Autre supériorité : les Martiens ne mangent pas. Ils se nourrissent comme les fleurs ; ils vivent de « l’air du temps » pour employer une expression dont les Terriens se servent avec ironie.
Le genre de vie est tout différent de la vie terrestre, d’abord parce qu’on vit autant dans les airs et sur les plantes aériennes qu’à la surface du sol, ensuite parce qu’on ne mange pas, l’atmosphère étant nutritive. Les passions n’y sont point les mêmes. Le meurtre y est inconnu. L’humanité étant sans besoins matériels, n’y a jamais vécu, même aux âges primitifs, dans la barbarie de la rapine et de la guerre. Les idées et les sentiments sont d’un ordre tout intellectuel.
Les Martiens ne parlent pas. Immense avantage ! Ils lisent directement dans leur pensée réciproque. A peine une idée vous vient-elle, que votre voisin la déchiffre clairement. Les Martiens ne connaissent ni l’hypocrisie, ni la fausseté. Ils ne connaissent pas non plus la politesse, qui est la forme la plus douce du mensonge. Enfin, ils possèdent des instruments astronomiques d’une prodigieuse puissance, devant lesquels l’auteur s’extasie.
Ils ont inventé, entre autres, une sorte d’appareil téléphotographique dans lequel un rouleau d’étoffe reçoit perpétuellement, en se déroulant, l’image de notre monde et la fixe inaltérablement. Un immense musée, consacré spécialement aux planètes du système solaire, conserve dans l’ordre chronologique toutes ces images photographiques fixées pour toujours. On y retrouve toute l’histoire de la Terre ; la France du temps de Charlemagne, la Grèce du temps d’Alexandre, l’Egypte du temps de Ramsès. Des microscopes permettent d’y reconnaître même les détails historiques, tels que Paris pendant la Révolution française, Rome sous le pontificat des Borgia, la flotte espagnole de Christophe Colomb arrivant en Amérique , les Francs de Clovis prenant possession des Gaules, l’armée de Jules César arrêtée dans sa conquête de l’Angleterre par la marée qui emporta ses vaisseaux, les troupes du roi David, fondateur des armées permanentes, ainsi que la plupart des scènes historiques, reconnaissables à certains caractères spéciaux.
De tout ceci, il résulte que les habitants de Mars sont mille fois supérieurs aux habitants de la Terre. Cette découverte est humiliante, les Martiens nous dépassent de cent coudées, au point de vue de l’intelligence, de la sincérité, de la sobriété, de l’industrie. Il n’y a qu’un point que M. Flammarion ait laissé dans l’ombre. Il s’agit des arts et des lettres. Les Martiens comptent-ils des poètes, des dramaturges, des peintres, des sculpteurs ? Ont-ils des théâtres où l’on joue des opéras, des académies où l’on propose de doctes harangues, ont-ils des journaux quotidiens, connaissent-ils les douceurs du reportage et de l’interview ? M. Flammarion reste muet sur ce chapitre très important. Dois-je en conclure que M. Flammarion méprise les arts, dédaigne les lettres ? Ce serait de sa part de l’ingratitude car –je vous le dis entre-nous- je ne mets pas en doute la science de M. Flammarion, mais je crois bien que c’est aux lettres qu’il doit la meilleure part de sa renommée.
Il s’entend à merveille à exposer d’une façon claire des questions ardues. C’est un privilège qu’il partage avec notre excellent collaborateur M. de Parville. Il sait rendre saisissante, à l’aide de comparaisons familières, certaines vérités astronomiques qui confondent la raison. Il parle à l’imagination du lecteur, il rend la science aimable, en la frottant de littérature. Ne faites pas fi de ce talent ; il n’appartient pas à tout le monde ; je sais de très grands savants qui seraient incapables de s’imposer aux foules. M. Flammarion les captive, les charme, les passionne. –Son roman « Uranie » contient, dans cet ordre d’idées, des pages qui sont des merveilles de clarté. Je ne résiste pas au plaisir d’en citer une. L’auteur exprime cette idée connue que l’infiniment grand est semblable à l’infiniment petit, et que l’entendement humain est impuissant à pénétrer l’un comme à saisir l’autre.
Voici une forte solive de fer, de celles qu’on emploie si généralement aujourd’hui dans les constructions. Elle est posée dans le vide, à dix mètres de hauteur, sur deux murs, sur lesquels s’appuient ses deux extrémités. Elle est « solide » certes ; en son milieu on a posé un poids de mille, deux mille, dix mille kilogrammes, et ce poids énorme, elle ne le sent même pas ; c’est à peine si l’on peut constater par le niveau une imperceptible flexion. Pourtant, cette solive est composée de molécules qui ne se touchent pas, qui sont en vibration perpétuelle, qui s’écartent les unes des autres sous l’influence de la chaleur, qui se resserrent sous l’influence du froid. Dites-moi, s’il vous plaît, ce qui constitue la solidité de cette barre de fer ? Ses atomes matériels ? Assurément non, puisqu’ils ne se touchent pas. Cette solidité réside dans l’attraction moléculaire, c’est-à-dire dans une force immatérielle.
Nous sommes en ce moment dans une maison. Tous ces murs, ces planchers, ces tapis, ces meuble, cette cheminée de marbre sont composés de molécules qui ne se touchent pas davantage. Et toutes ces molécules constitutives des corps sont en mouvement de circulation les unes autour des autres.
Notre corps est dans le même cas. Il est formé par une circulation perpétuelle de molécules ; c’est une flamme incessamment consumée et renouvelée ; c’est un fleuve au bord duquel on vient s’asseoir en croyant revoir toujours la même eau, mais où le cours perpétuel des choses ramène une eau toujours nouvelle.
Chaque globule de notre sang est un monde (et nous en avons 5 millions par millimètre cube). Successivement, sans arrêt ni trêve, dans nos artères, dans nos veines, dans notre chair, dans notre cerveau, tout circule, tout marche, tout se précipite dans un tourbillon proportionnellement aussi rapide que celui des corps célestes. Molécule par molécule, notre cerveau, notre crâne, nos yeux, nos nerfs, notre chair toute entière, se renouvellent sans arrêt et si rapidement qu’en quelques mois notre corps est entièrement reconstitué.
Par des considérations fondées sur les attractions moléculaires, on a calculé que, dans une minuscule gouttelette d’eau projetée à l’aide de la pointe d’une épingle, gouttelette invisible à l’œil nu, mesurant un millième de millimètre cube, il y a plus de vingt cinq millions de molécules.
Dans une tête d’épingle, il y a pas moins de huit sextillions d’atomes, soit hui mille milliards de milliards et ces atomes sont séparés les uns des autres par des distances considérablement plus grandes que leurs dimensions, ces dimensions étant d’ailleurs invisibles, même au plus puissant microscope. Si l’on voulait compter le nombre de ces atomes contenus dans une tête d’épingle, et en détachant par la pensée un milliard par seconde, il faudrait continuer cette opération pendant deux cent cinquante-trois mille ans, pour achever l’énumération.
Dans une goutte d’eau, dans une tête d’épingle, il y a incomparablement plus d’atomes que d’étoiles que dans le ciel connu des astronomes armés de leurs plus puissants télescopes.
Quel est le principe qui meut ces atomes, qui les gouverne ? C’est un principe actif, c’est une « force », c’est une « âme », qui demeure identique au milieu de ce flot toujours changeant. C’est elle qui groupe, qui retient associé les innombrables molécules qui composent l’harmonie du corps vivant. –Et M. Flammarion, s’appuyant sur ces vérités, en conclut nettement que l’âme est immortelle, ou, en d’autres termes, que la force psychique survit à la destruction du corps.
Je n’aborderai pas la discussion de ces faits, ils sont en dehors de ma compétence. Si j’ai cité la page qu’on vient de lire, c’est qu’elle peut passer pour un modèle de lucidité. M. Flammarion est un de nos plus habiles « vulgarisateurs » (un vilain mot qui a pris droit de cité dans notre langue). IL sait beaucoup, il a beaucoup lu, et travaillé par lui-même. Mais quelle imagination, quel feu, quel ruissellement d’adjectifs, que de points d’exclamation, que de cris d’enthousiasme ! Lorsque M. Flammarion entreprend une description, il charge sa palette de toutes les couleurs du prisme. Lisez le portrait qu’il trace de son héroïne, de la douce fiancée de Georges Spéro.
« Sa blonde chevelure « nimbe » son front d’une « auréole » vaporeuse ;… ses yeux bleus bordés de longs cils noirs semble un « reflet de l’azur des cieux » ; ses bras laissent deviner une chair d’une blancheur « lactée », etc.
CE front nimbé d’une auréole, ces yeux où se reflètent l’azur des cieux, jusqu’à ces chairs qui sont lactées : cela sent-il sont homme qui passe sa vie à regarder les étoiles ?
Je ne sais comment écrivent les astronomes de Mars, mais M. Flammarion est le plus lyrique des astronomes terrestres.
Adolphe BRISSON
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