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Alexandre BREFFORT. (1901 – 1971). Auteur d'un roman de science-fiction en 1947 : « PARADIS, FIN DE SECTION (Tranche de survie) », au éditions de l'élan, grand in-12° de 252 pages sous jaquette illustrée par Jef de WULF.
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A également écrit : « LES CONTES DU GRAND PERE ZIG », aux édition Ergé en 1947 , sous forme de fascicule grand in-8° de 80 pages avec une couverture et des illustrations de Henri MONIER et Pol FERJAC, avec une préface de Henri JEANSON
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Ce recueil nous intéresse pour plusieurs textes :
« DRAME PASSIONNEL » : qui se déroule au Paradis terrestre et où Adam est prévenu, par lettre anonyme, qu'Eve le trompe éhontément.
« LA PROVIDENCE » : Où un fakir en visite dans notre beau pays s'endort….. sur un passage clouté.
« UNE EXPERIENCE » : Un grand savant lors d'un gala dans un amphithéâtre prévient ses collègue qu'il vient de mettre au point un rayon de la mort ayant pour particularité de transmettre la peste et le choléra. L'intérêt de cette grande découverte est que ce même rayon a le pouvoir inverse et ainsi peut soigner instantanément les victimes de ces redoutables fléaux. Afin de prouver ses dires il arrose copieusement du dit rayon l'assemblée, mais par malchance et peut-être aussi à cause de l'émotion il meurt d'une crise cardiaque foudroyante avant d'avoir eu le temps d'envoyer le rayon antidote. Panique dans la salle, qui est vite calmée par l'annonce du speaker, qui annonce calmement que le prix des places sera remboursé au double de leur valeur, hilarant non ?
« L'ENVOUTEMENT » : Une pauvre femme battue, pour se venger de son indigne mari envoûte une figurine de cire à son effigie et lui plante de nombreuses épingles envoûtées dans l'estomac. Elle est très étonnée de voir, le soir, son époux rentrer sur des béquilles avec d'énormes pansements autour des pieds. Explication : son mari avait toujours l'estomac dans les talons.
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Et la nouvelle : « UN SCIENTIFIQUE, (Série des destins hors-série) », reproduite intégralement ci-dessous :
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« Ayant dîné légèrement d'une darne de turbo-compresseur et d'une pilule en daube, le grand savant chaussa ses bottines pneumatiques, mit son chapeau de demi-saison à condensateur, alluma une cigarette à ondes courtes et sortit de chez lui.
C'était le soir. Une lune à haute fréquence commençait d'effluver l'horizon. Un souffle frais d'azote émanait des arbres en carré de la place de l'Hypoténuse. Il faisait bon vouloir vivre.
Le grand savant traversa le square Calorique et contempla quelques instants sur une feuille d'abaca chromée un escargot pâle en perte de vitesse. L'heure était douce. Il traversa le pont de l'Azimut, monté sur pile électriques, le rond-point Parallèle et déboucha sur le boulevard Baralipton.
Un peu fatigué par la marche, les jambes en fulmi-coton, il héla un taxi-fusée qui, trente deux secondes plus tard, le parachutait vers le Palais de la Tangente.
Le grand savant s'assit à une terrasse et se remémora ses débuts. C'est qu'il avait lutté pour en arriver là ! IL se revoyait, petit inventeur, proposant aux usagers son premier ouvre-boîte à gazogène. Puis ç'avait été le tire-bouchon à gyroscope, la fameuse casserole carrée, pour empêcher le lait de tourner, la machine à désosser les mous de veau et –en tirant de petit bout de bois du fond – à raccommoder les pois cassés. Un seul échec en trente ans : le système pour apprendre aux gosses à marcher et qui, par une malfaçon technique, nous avait valu toute une génération aux jambes tordues et aux jointures en fibrane . Comme tout cela était loin ! A l'époque des balbutiements pour tout dire.
C'est que, s'élançant un jour d'un coup d'aile jusqu'au plan électro-chimico-balistique, il avait travaillé tout d'abord dans une usine de rayons de la mort en qualité de chef de rayon. Et, certaines nuits, dans une poussée de génie, il inventait une machine de guerre magnifique et du plus bel avenir : toute une série de V à propos desquels il était lâchement attaqué, d'ailleurs, des ennemis puissants ne lui pardonnant pas ses inventions prodigieuses. Des sectes hostiles s'étaient formées, dont les membres portaient tatoués sur l'avant-bras, cette menaçante profession de foi : « Mort aux V ».
On lui reprochait même, tant le mépris de la vérité scientifique est grand, la mort de quelques millions de personnes.
ll haussa les épaules et murmura : « Faut bien qu'on vive ! »
Mais il se sentait surveillé, traqué, harcelé de toutes parts.
C'est à cette époque qu'il écrivait à un ami : « La campagne me guette, le vent me prend en filature, le ciel est plein de moutons, les oiseaux pépient en m'épiant et en m'épiant pépient, les poulets de la basse-cour ont tous des pèlerines et le bouillon de la cuisine à l'œil sur moi. J'ai peur. »
La vie déferlait dans les rues. Des jolies femmes parfumées à l'hydrogène sulfuré (H2 S) passaient en se dandinant du rhéostat. La foule s'écoulait, humble limaille à trois ampères-zig (L'électron du pauvre), des étudiants portaient la faluche lumineuse à double électrode (signe particulier : néon), braillaient à la face d'un ciel synthétique des musiques enregistrées. Une ronde d'agents épi-cyclistes frôla le trottoir. Il les trouva légèrement conoïdes.
-Monsieur prendra ?
Le grand savant sortit de sa rêverie. C'est vrai qu'il était à la terrasse d'un café. Et comme il se taisait, le garçon _ un fort bel homme à l'œil cathodique – suggéra : « Un Galvani del Oso ? »
Mais le démon scientifique le poussant, le grand savant dit :
-Ce sera une chopine d'air liquide.
Alors le garçon subitement amorcé, fusa, gronda, rugit, clangora, vrombit et, fulgurant tel un météore, eut tout juste le temps de s'écrier :
- Boum, voilà !!!
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Huit jours plus tard les pompiers n'avaient pas encore déblayé les décombres. On ne retrouva d'ailleurs rien de ces deux individualités scientifiques qui avaient opéré spontanément, au sein d'une civilisation incompréhensive, leur propre retour à l'éther. On n'a plus, à leur sujet, que le discours d'un docte confrère qui saluait en vers triphasés les deux victimes d'un siècle « fâcheusement en retard pour son âge ».
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Ce livre a été réédité en 1955 par les éditions « Les Quatre Jeudis » dans leur collection : « Les Maîtres de l'Humour », broché in-8° de 284 pages. La couverture est différente mais illustrée par les deux mêmes artistes.
Fort important : Le contenu est différent, les nouvelles : « Une Expérience » et « Envoûtement » ont disparu, mais le recueil s'est enrichi d'une parodie : « RÊVE DE WELLS », où, dans une ère électrochimique future, la science a mise au point le « Bigoudi solénoïde biphasé », la « Brique à Thermosiphon » et autres inventions du même acabit qui tiennent plus de Pierre DAC que de H. G. WELLS. A la suite d'une erreur de guidage, une super-bombe détruira Scientopolis la capitale et ravagera le reste de la planète. Dans ce même volume l'on trouve également une parodie de Fantomas en 10 (courts) épisodes : « INSPECTEUR ZIG CONTRE FANTOMAS », où il est question, entre autres, d'un rayon de la mort, rayon qui s'avèrera un rayon… de bicyclette.
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Ce livre a été réédité encore deux fois, en Livre de Poche en 1968, n° 2459 et chez France-Loisirs en 1990, avec une jaquette illustrée.
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En 1952 aux éditions de la Corne d'or, l'auteur écrivit : « LES NOUVEAUX CONTES DU GRAND–PERE ZIG », avec une couverture toujours illustrée par Pol FERJAC, broché in-12° de 222 pages. Mais là, aucun des textes ne nous intéressent, quoique le délire habituel de l'auteur soit toujours aussi marqué ce livre est plutôt une suite de satires des mœurs littéraires de l'époque, parodies de Cocteau, Carco, de l'argot, du milieu littéraire et du milieu tout court. Isma
Dernière modification par Ismaël II (18-12-2010 14:07:39)
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J'aime bien les nouvelles reproduites intégralement quand elles sont amusantes, merci
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