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« LE POUVOIR SUPREME, roman du merveilleux », de Marc MARIO.
Librairie Générale des Sciences Occultes, 1901. Broché petit in-8° de 336 pages. Couverture illustrée et illustrations in et hors-texte.
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Belophores, Discastètes, Hiéropsaltes, Néocores, Hiérocheruques, Pastphores, Eumolpidès, Céryces, Thesmothètes,…., il ne s'agit pas d'un supplément au long catalogue d'injure du Capitaine Haddock mais des titres et grades des mages de l'ancienne Egypte, une ancienne Egypte vue par l'auteur vers la fin du XIXème siècle, autrement dit d'un style lourd, décadent et pompier. Une ancienne Egypte que même les pires tacherons d'Hollywood n'ont pas osé montrer de peur de sombrer dans le ridicule.
Ce roman est la triple histoire : du chef des armées qui veut devenir Pharaon à la place du Pharaon (probablement un cousin d'Iznogoud), il y parvient mais l'histoire finira mal pour lui, d'un jeune apprenti mage qui doit subir toutes les épreuves d'initiation, initiation qui tient plus de Rambo que de Jean-Paul Sartre, et d'un mage confirmé depuis longtemps et à qui le trône devrait revenir de mérite et de droit.
Haddock, Rambo, Sartre, Iznogoud, vous allez vous demander ce qu'ils viennent faire là ? Et la conjecture dans tout ça ? Elle arrive : Certains mages peuvent tuer leurs ennemis d'un seul regard ; un traître est envoyé dans l'un des cercles de l'enfer où un jeune Sphinx se fait les griffes (acérées) dessus ; le grand- prêtre se dédouble à ses moments perdus et son spectre lumineux vient au secours d'une jeune fille (vierge) en danger. L'on marche sur l'eau bien avant Jésus. Quant au pouvoir des médecins de cette époque épique, il est très grand ; le père d'un des héros de ce livre est spécialiste de l'oneïrocritie iatromantique, en clair il fait son diagnostique suivant les rêves de ses patients et dans le cas présent son sujet est atteint de syphilis et il lui prescrit une décoction genre « bain de siège à la Rika Zaraï », les microbes de la syphilis lisant ce livre mourront…. de rire. Le thème astral de chaque homme est une carte d'identité indiquant toute la vie de son porteur (ça n'est pas un thème très original).
Un bon bouquin pour se fendre la pêche, j'en passe sur les pouvoirs des grands-prêtres et sur les erreurs manifestes et énormes de l'histoire de l'Egypte antique qui sautent aux yeux sans que l'on ne soit un spécialiste de l'histoire de l'Antiquité. Isma
Dernière modification par Ismaël II (16-11-2010 16:41:45)
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« LA BELLE NEPHERTYS » de Jean COTARD.
Editions Baudinière, 1947. Broché in-12° de 224 pages. Couverture non illustrée
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Jean COTARD, déjà auteur du « VENTRE DU GRAND BOUDDHA » et du « FLOT D'EPOUVANTE », nous a concocté là un petit roman d'aventures ayant pour cadre l'Egypte. Ici pas de malédiction des Pharaons, et d'ailleurs les seigneurs du Nil n'ont, historiquement jamais prononcés d'anathèmes contre d'éventuels pillards, croyants fermement à l'inviolabilité de leurs sépultures.
Une riche héritière américaine, Miss Moresby, promet huit jours de sa vie à celui ou celle qui lui procurera la reproduction miniature en or de la grande pyramide, qui, d'après un manuscrit-papyrus qu'elle vient de découvrir sur la momie de l'architecte de Khéops, prouve que la véritable momie du pharaon se trouve encore sous la grande pyramide avec tous ses trésors dont la miniature.
Son secrétaire mexicain et un insupportable major anglais toujours en chaleur (les méchants) se mettent sur les rangs et commencent leurs recherches. Zoraya Nouhkhassy (la belle Nephertys) et l'archéologue Michel Duhmière (les bons) cherchent de leur côté à les empêcher de s'approprier des trésors antiques qui appartiennent au patrimoine égyptien. Il faut préciser que Zoraya est ultra-nationaliste et est une des gardiennes avec des grand-prêtres, du tombeau de Khéops, où l'on accède secrètement par un fleuve souterrain qui mène loin sous la pyramide. Là, au centre d'une île, repose en paix l'ancien souverain dans son sarcophage d'apparat, veillé par des vieux sages et par d'immenses statues des anciens Dieux.
Miss Moresby et ses deux acolytes, à la suite d'une erreur de Duhmière, parviendront dans les lieux sacrés et déroberont la petite pyramide d'or, mais leur tentative de faire sortir d'Egypte leur larcin leur sera fatale.
Bon !, le mausolée sous la grande pyramide n'est qu'une conjecture archéologique, le plus intéressant pour nous restant le pouvoir des grand-prêtres qui, pour punir les affreux profanateurs, transforment pour un temps plus ou moins limité leurs victimes en momies temporaires, qui ne seront rendus à la vie normale qu'une fois leur peine purgée. Pas de gardiens et pas de dépenses de nourritures, un seul inconvénient, le prix de revient en bandes Velpeau. Isma
Dernière modification par Ismaël II (16-11-2010 19:18:29)
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« L'OISEAU D'EBENE » de Daniel GIRARD
Editions Colbert, 1946, « Le Mot de l'énigme ». Broché in-12° de 180 pages
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Daniel GIRARD a écrit plusieurs romans pour la conjecture dont : « LE MYSTERE DU PUY », chez Boivin en 1945 et « L'ILOT DES PERILS », chez G. P. « Rouge et Or » en 1959. « L'OISEAU D'EBENE » est à rajouter à son tableau de chasse :
Claude le graveur et son ami artiste peintre Georges Didier, médiocres et laborieux, tout deux à la recherche de la gloire et de la bonne fortune ont rendez-vous chez un peintre en renom : Vershuren, qui revient d'un voyage en Egypte. Vershuren va vernir ses toiles qu'il a réalisées pendant son séjour au Proche-Orient. Etant d'un naturel généreux, le grand peintre a ramené de nombreux souvenirs et babioles qu'il distribue à chacun de ses amis et invités. Georges est attiré par une curieuse tête d'oiseau en ébène ressemblant à un dieu-faucon. Vershuren lui offre avec plaisir en lui précisant qu'il l'a acheté à un fellah qui travaillait sur le chantier de fouilles de la Vallée des Rois.
Revenu à l'atelier de Georges, Claude l'aide à accrocher au mur son acquisition dans un endroit digne d'elle, mais maladroitement la tête d'ébène tombe au sol et se fend en deux. A l'intérieur nos amis y découvrent une boule de couleurs brune entourée de bandelettes de papyrus jaunies par le temps. Quelques signes indistincts apparaissent ça et là. Ils déroulent les bandelettes et un petit flacon s'y trouve caché contenant une curieuse poudre blanche. Claude propose d'amener à lire à un vieil archéologue ami de son père les bandelettes pour essayer de savoir ce qu'est exactement cette mystérieuse poudre.
Le temps que l'égyptologue décrypte les inscriptions, Georges commence à dérailler sérieusement, il accroche au mur l'amulette et braque dessus des lumières qui la font ressortir sous des angles effrayants ; il ne veut plus voir sa fiancée et se comporte désagréablement avec son ami. La lettre du vieil archéologue qui vient de finir la traduction des bandelettes dit à peu près ceci : Après une invocation rituelle aux Dieux, l'ancien propriétaire de la statuette félicite son nouveau possesseur à qui il promet de ce fait une puissance et un pouvoir malheureusement non précisé. Il semble ensuite proposer de l'aide et de la protection et lui conseille d'user du « pouvoir » avec ménagement ; il exhorte enfin le profanateur à remettre son tombeau en état afin que sa dépouille dorme en paix et en le menaçant dans le cas contraire de sa vengeance posthume. Dans le P. S., le savant met en garde contre la poudre trouvée dans le petit flacon qui pourrait être un poison et conseille de la faire analyser.
Lorsque Claude revient à l'atelier de Georges celui-ci le met poliment à la porte en lui demandant de revenir le lendemain. A partir de cet instant Georges ne créé plus que des toiles de génie et la grosse tête lui vient vite. En réalité tout son génie provient de la poudre qu'il absorbe en petites quantités, cette poudre plus ou moins magique lui permet de réaliser des chefs-d'œuvres mais le fatigue considérablement et surtout lorsqu'il est sous son emprise il a vraiment l'air halluciné ce qui fait fuir un de ses modèles. A partir de cet instant il s'enferme dans son atelier. Son succès au salon d'automne est énorme et les commandes affluent. Un beau matin il s'aperçoit que la poudre ne lui procure aucun effet et dès qu'il touche ses pinceaux son travail est devenu aussi médiocre qu'avant. Le problème est qu'il a besoin d'argent car un riche client lui a réglé d'avance des toiles qu'il ne pourra pas achever et l'amateur le met en demeure de le rembourser.
S'en suit la déchéance morale et physique, il sombre dans l'alcoolisme et meurt à l'état d'épave. Encore une victime de la malédiction des Pharaons :
« Didier, son talent, ses quelques œuvres de génie restent un mystère inexpliqué dans l'histoire de la peinture, son œuvre est trop réduite : huit toiles en tout, pour que la critique s'y attarde longuement. On l'a classé parmi les peintres maudits. Il mes emble aussi deviner le rictus sardonique d'une momie inconnue, perdue là-bas dans les ténèbres de la Vallée des Rois… savourant sa vengeance posthume.
Quelle est donc la puissance occulte et démoniaque qui à travers le temps et l'espace, pendant quelques semaines permit à Didier de devenir un surhomme, pour ensuite, avec une cruauté voulue, le laisser retomber pantelant, désespéré, payant de sa vie un miracle interdit aux humains. Ce mystère restera toujours impénétrable.
Didier avent de disparaître a brisé la statuette, brûlé les bandelettes et sans doute aussi le refuge provisoire de l'âme du vieux sorcier qui, ainsi le veulent les rites Egyptiens, avant de franchir les vingt portes du palais d'Osiris et voguer sur la barque du soleil, habitait, près du corps et de son double, la statuette hiératique et cruelle, hallucinante, du Dieu Horus ». Ainsi s'achève ce roman. Isma
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« KHA, CHAT EGYPTIEN » de Luc MEGRET. Revue Moderne des Arts et de la Vie, 1936. Petit broché au format in-12° et comportant 92 pages. Couverture illustrée.
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Une vieille dame acariâtre autorise sa nièce de 13 ans à recueillir un chat, volé très certainement par une voisine, un bon gros matou en noir et blanc. Seulement quand sa santé est fléchissante et que sa nièce ne s'occupe plus du greffier que d'elle-même, elle lui ordonne d'enfermer le félin dans une caisse et d'aller l'abandonner au fond des bois (Que fait donc la S. P. A. ?). Dont acte. Mais l'animal est intelligent et revient de lui-même à la maison. Ne pouvant garder le matou sans que sa tante ne lui fasse un mauvais sort, la petite fille confie le chat au médecin de famille, le docteur Delbuis.
Le docteur découvre que l'animal a un tatouage naturel derrière le cou et il déchiffre des signes égyptiens signifiants Khâ, qui dans l'Egypte antique désignaient les symboles de la mort et aussi du jugement. La voisine qui avait volé le chat dépérit peu à peu et est obligé d'aller se reposer à la campagne. A la demande d'un érudit égyptologue le docteur se rend compte que le chat a un double astral avec un fort pouvoir magnétique hérité de l'Egypte antique. Pendant ce temps la tante de notre petite héroïne devient de plus en plus cinglée.
Elle se prends ni plus ni moins que pour un chat, elle miaule, elle bondit à quatre pattes et ne mange que de la pâtée et de la viande crue (il n'est pas précisé dans le texte que le poisson reste son plat favori). En fait, l'égyptologue s'aperçoit que le double maléfique du chat s'est emparé de l'esprit de la pauvre femme et celle-ci est conduite dans un asile d'aliénés pour un sévère traitement.
Pour corser le tout de nombreux témoins observe un jumeau de Khâ qui se ballade comme si de rien n'était dans leurs jardins et ceci plutôt à la tombée de la nuit. Des sommités scientifiques discutent sur ce cas et la tante mie en présence du chat, hurle de peur. Le fort savant Hélix Hélius, dépêché d'urgence dans la place, déclare après mûres réflexions que seules deux possibilités s'offrent pour expliquer les phénomènes : hallucinations collectives ou alors le double n'est dû qu'à l'acte de malveillance de la personne ayant dérobée le félin et qui, maladroitement, aurait réveillé l'aura maléfique. C'est ainsi que la docte assemblée tous les soirs est témoin des déplacements nocturnes du double du chat. Mais il ne faut pas y toucher, ne pas l'effrayer et surtout ne pas tenter de le tuer car son sort est lié avec celui de la tante. Et cela dure des jours et des jours, l'auteur nous faisant même un petit exposé nous proposant l'explication que le phénomène du chat est exactement identique à celui de la lycanthropie.
Tout le reste du livre est consacré aux moyens que l'égyptologue et le professeur trouveront pour inverser la tendance de ce phénomène hors norme, grâce en partie à la télépathie ils y parviendront et par la même occasion à réveiller la tante mais pour notre plus grand malheur c'est nous qui nous nous endormirons à notre tour. Un bouquin fantastique ésotérique comme somnifère à qui il faut reconnaître toutefois une certaine poésie dans les passages nostalgiques évoquant l'Egypte antique.
Un des grands avantages de cet opuscule est d'être relativement court et d'un style léger avec de nombreux chapitres bien « aérés ». Mon matou conjectural préféré restant le « Pétronius le Sage » de Robert Heinlein.
Luc MEGRET est l'auteur également d'un petit récit fantastique paru chez Billaudot en 1926 : « LES CATACOMBES DU CHATEAU NOIR, sketch fantastique en deux actes » , le tout en 16 pages chrono. Isma
Dernière modification par Ismaël II (22-11-2010 19:10:14)
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« ITA » de René ROQUES.
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Albin Michel, 1941. Denoël 1947 et Marabout n° 38 en 1951 avec une couverture illustrée (tous ces renseignements se trouvent quelque part dans ce forum)
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ITA, résumé dans le style des vieux Fleuve-Noir « Angoisse » :
Ai-je reçu un appel ? Une force étrangère a-t-elle subjugué ma volonté ? Il m'apparaît clairement que j'obéissais à un joug. Ce soir-là je me rendais à dîner chez des amis lorsque tout à coup, je ne sais pas par quelle force, je pris un autre chemin, mes gestes étaient comme commandés, téléguidés. Au bout de deux cent kilomètres je me retrouvais devant le mur d'une grande propriété. Un homme vint à ma rencontre et me dit :
« -Je m'excuse de t'avoir invité à venir, j'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur, d'autres d'ailleurs donneraient beaucoup pour être à ta place et voir ce que tu verras ici ».
Il me fit comprendre que je serais son invité pendant au moins une semaine, d'ici là je resterais en son pouvoir.
C'est un château que je découvris derrière les grandes grilles de fer. Un domestique m'ouvrit la porte. L'homme me fit pénétrer dans une pièce où se trouvaient beaucoup d'objets Egyptiens. Il y avait des statuettes des dieux Knef, Fré, Anubis, Sekhmet. Je m'approchai de la satue d'Isis, l'homme sourit :
« -Pour le jeune égyptologue que tu es, tu la reconnais n'est-ce pas ? Tu sais beaucoup de choses sur l'Egypte, tu connais les hiéroglyphes, l'écriture hiératique et démotique. Je suis le professeur Oxford et je vais bientôt avoir besoin de tes connaissances ainsi qu'un litre de ton sang ».
Je ne voyais pas le rapport entre tout ça.
« -Nous allons tenter une expérience qui bouleversera toutes nos conception et nos croyances ordinaires de la vie. C'est le domestique qui nous apportera le dîner ». Le domestique me paraissait étrange et ne disait pas un mot, à croire qu'il était muet.
« -Viens je vais t'accompagner à mon autre invitée, la princesse Ita ».
Nous traversons la pièce des Dieux, puis dans une salle à côté elle était là, morte depuis des millénaires, dans son suaire de bandelettes. Elle était jeune, quinze ou seize ans et très belle.
« -Mes mains empêche les fruits de pourrir, les fleurs de faner. Ma main a ce pouvoir. Je suis guérisseur, magnétiseur. Depuis cinq mille ans cette jeune fille est telle que nous la voyons, ses chairs se sont desséchées, mais elle est protégée par un fluide qui l'entoure depuis tous ces siècles et à l'inverse des autres momies aucun des ses organes n'a été prélevés. Aussi, grâce à mon énergie je vais la sortir de son sommeil ».
Je le sens brûlé par la soif d'une grande aventure. Celle-ci dépasse en folie tout ce que j'aurais pu imaginer.
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« -Si par miracle vous arriviez à redonner vie à ce corps, que sera advenu son âme pendant tous ces siècles ? »
- « Les milliards de cellules qui composent son corps en détiennent le secret ».
Selon sa théorie, ce sont les cellules du corps qui comme des petites armées décident de notre santé, de notre volonté. Si nous sommes blessés, des cellules entrent en action pour réparer les dégâts, cicatriser les plaies. Tout pour lui était du à leur action et rien d'autre.
Le lendemain il me reçoit dans son laboratoire ou il me montre ses expériences :tétards à deux têtes, fleurs de chair poussant des étuves, etc…. Tout cela me remplissait d'un grand malaise et d'une grande répugnance. Il veut montrer alors que l'on peut vraiment régénérer des cellules mortes depuis longtemps. Il prend des rotifères (sortes de vers minuscules) morts depuis plus de cinq ans ? Apposant ses mains à quelques centimètre d 'eux et il les fait revivrent à l'aide de son fluide, peu à peu, par quel miracle ? Par quelle chimie ? Leurs cellules se réorganisent lentement. Oxford commencera l'expérience sur la momie demain et cela lui prendra quelques jours.
Au cours du repas le serviteur me semble de plus en plus énigmatique, le savant me dit qu'il l'a appelé Giseh car il l'a trouvé errant dans les couloirs de la grande pyramide, là même ou il découvrit le tombeau de la princesse. Depuis il ne l'a plus quitté d'une semelle et n'a jamais dit un seul mot. Que faisait-il dans cette nécropole millénaire ?
Voila cinq jours que j'attends seul dans ma grande prison qu'Oxford finisse son travail. Je croise de temps en temps Giseh surveillant son maître. Son regard d'habitude si impassible était en ces moments là un regard de haine. Quels liens mystérieux peuvent unir cet Egyptien et cette Egyptienne que cinq mille ans séparent.
Le lendemain Oxford, par cette force étrange qui me contraignit le premier jour à venir jusqu'à lui, m'appela de nouveau. Je trouvais Ita allongée, son corps régénéré sorti de la mort mais pas encore tout à fait en vie. C'est à ce moment là que je devais donner un litre de mon sang. Oxford se demandai si en sortant de son sommeil elle aurait la pensée d'il y a mille ans, ou qu'elle recommencerai alors simplement une nouvelle journée et que son organisme repartirait à zéro.
C'est pourquoi il m'avait fait venir connaissant la langue de l'Egypte pharaonique. La transfusion achevée Ita ouvre les yeux et frappe trois fois dans ses mains, mais aucun serviteur ne vient. Son mécontentement est flagrant. Elle nous aperçoit, nous parle, mais va-t-elle comprendre mon langage ? Et puis que lui dire au juste ? Elle a quinze ans mais une éternité la sépare de la mort, tout ce qu'elle a connu a disparu, rien n'est demeuré, ni personne. Alors je la conduit dehors afin qu'elle retrouve la seule chose qui n'a pas changé en cette belle journée de printemps : le soleil.
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Les jours qui suivirent malgré mon désarroi, ma peine pour cette âme perdue dans notre siècle, je lui dévoile tout des cinq mille ans passés, l'effondrement de sa civilisation, la chute de ses Dieux, la poussière de ses palais. Elle est comme paralysée :
« - C'était hier cependant, murmure-t-elle, je pense à mon père
-Qui était-il ?
-Menkaouré (Mykérinos) »
Giseh n'arête pas de nous observer. Il s'avance vers la princesse et porte à ses lèvres un pan de sa robe.
« -Tu ressemble à Kâ, le prêtre d'On (Héliopolis) dit-elle »
Oxford tant qu'à lui ne s'intéresse plus guère à la jeune fille. Son but atteint il savoure l'aboutissement de ses efforts. Pas un instant le drame de cette résurrection ne lui apparaît. C'est un être sans humanité. Pour l'instant elle ne sert plus à rien puisque en plus elle a oublié ce qu'a fait son âme dans sa chevauchée mystérieuse pendant tous ces siècles. Dans sa chambre elle lit les incantations des bandelettes qui l'entouraient dans son long sommeil. La malédiction y est grave et lancée à celui qui violera sa tombe. De tendres sentiments se nouant entre nous elle me fait cadeau d'un poignard qui me défendra de tous mes ennemis. Elle implore la déesse Isis de me protéger car je ne suis pour rien dans la profanation de son tombeau.
Je lui montre peu à peu tous les progrès technologiques de notre époque, l'électricité, la voiture, etc. Elle s'émerveille, nous prend pour des Dieux, des magiciens, cherchant dans chaque chose le génie ou la fée qui l'habite. Je lui explique qu'il n'y a rien de magique dans tout cela mais que c'est le progrès, la technique, la recherche et que c'est grâce à la civilisation et à celles qui se sont succédées les unes après les autres que les hommes d'aujourd'hui peuvent bénéficier de cette évolution.
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« -Comme vous devez être heureux ! »
Mais le bonheur n'est pas plus évident aujourd'hui malgré toutes ses merveilles, qu'il ne l'était hier et ne le sera sans doute demain.
Avec la permission d'Oxford j'achète à Ita des vêtement modernes afin de pouvoir lui faire découvrir la ville la plus proche. A notre retour je profitais que Giseh soit occupé à sortir les affaires de la voiture pour fouiller rapidement sa chambre et c'est au fond 'un tiroir que je découvrit soigneusement rangées les bandelettes de la momie comme si elles étaient prêts à être réutilisées. Giseh était-il là pour reconduire Ita dans son sommeil éternel, la reconduire vers « le Pays qui Aime le Silence » ?
Je décide de partir deux ou trois jours avec ma petite princesse pour d'autres découvertes. Le savant est d'accord, ses propos me parurent très énigmatiques et empreints d'un dessein funèbre. En effet deux ou trois jours étaient juste le temps qui lui fallait pour faire une seconde tentative sur elle.
Nous partons Ita et moi loin de la folie d'Oxford et loin de l'étrange Giseh. Je me dis qu'il fallait fuir, s'en aller le plus loin possible du fluide du savant enfin d'en être libéré à tout jamais.
La première journée nous arrivons dans une ville ou se trouve un Musée dans lequel y sont consacrés deux salles d'Egyptologie. La vue des objets de son époque apporte beaucoup de désolation à Ita. Elle y voit toutes les étapes de sa civilisation, les grandeurs des époques succédant aux périodes troubles jusqu'à l'achèvement de l'Empire pharaonique. D'un coup je décide de l'emmener dans son pays pour qu'elle puisse y voir des lieux connus et aimés. Je décide de l'emmener aux pieds des pyramides. Mais Oxford nous permettra-t-il de nous y rendre ?
Notre périple se passe d'une façon inattendue. Nous réussissons à déjouer tous les obstacles qui nous détourneraient de notre but final. On avait l'impression que tout était facilité comme si une force inconnue nous guidait nous ouvrant la route. Après avoir traversé « La Très Verte » (la Méditerranée), nous arrivons au Caire.
« -Ce soir, Ita, je te conduit aux pyramides. »
Arrivé sur ce lieu magique et grandiose des larmes colorent ses joues.
« -Comme tout a changé, où sont tous les temples et les palais ? et comme le Sphinx à l'air d'avoir vieilli ! »
Dans cet entremêlement de passé et de présent je ressens d'un coup une présence malfaisante. Une ombre apparaît alors devant nous, c'est celle d'Oxford suivie de celle de Giseh.
« -Enfin la voila », murmure le savant, « -C'est elle que je vient chercher ! »
Sentant l'arrivée d'un grand malheur je prend tout mon courage et toute ma force pour l'affronter
« -Jamais », lui dis-je « elle m'aime et je l'aime, j'ai supprimé les siècles entre nous et j'ai séché ses larmes ».
Oxford reprend « - L'heure est venu d'aller plus loin dans le secret, il ne s'agit plus de plonger cette femme dans un sommeil proche de la mort, mais de la tuer, pour la faire renaître, et si je réussis je possèderais le secret de l'humanité »
C'est alors que je prends le poignard offert par Ita et que d'une force aidée par Giseh, je le sais maintenant, j'en donne un coup mortel à Oxford. Au même moment ma petite princesse pousse un cri terrible comme si c'était elle qui venait d'être touchée. Elle est allongée dans le sable et la vie se retire doucement d'elle comme celle du savant. Ils sont enchaînés au même fluide, à la même source. Elle vient de retourner à son éternité.
Giseh alors la prend dans ses bras, c'est lui qui nous a guidé en Egypte, lui qui a vidé Oxford de sa puissance afin que mon bras le frappe. Il a tout conduit en silence. Nous nous dirigeons maintenant vers la pyramide de Mykérinos. Je prends alors ma bien aimée dans mes bras, nous entrons dans le monument par une issue secrète et notre funèbre cortège parcourt des couloirs jusqu'à la chambre funéraire de la princesse. Je la dépose dans son sarcophage de granit rose entouré de tous ses objets familiers.
« - Vas-t-en étranger »
Giseh vient de rompre le silence dans sa langue millénaire.
Tout est fini.
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Une fois de temps en temps une petite bleuette change de toutes ces horreurs produites par l'Egypte antique. Isma
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On avait un peu parlé ici http://forums.bdfi.net/viewtopic.php?id=868 de René Roques (avec pas mal d'interférences illustratrices )
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