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reprise d'un sujet sur ce peintre , lancé sur le topic B R Bruss : http://forums.bdfi.net/viewtopic.php?id=1555&p=2
g.Klein :
"Jacques Wyrs, peintre lui-même et à qui la belle-fille de Bonnefoy avait confié quelques œuvres pour qu'il les vende après la mort de Bonnefoy-Bruss.
Wyrs était un ami de moi assez proche, un personnage très étrange, très excentrique dont l'œuvre a par ailleurs orné de nombreux disques et quelques livres des années 1970/80. Cette œuvre est injustement méconnue.
Il avait beaucoup d'admiration pour Bonnefoy qu'il a été un des derniers à avoir visité avant sa mort et dont il m'a décrit les derniers jours pathétiques. Je pense, sans en être sûr, que Jacques Wyrs était juif. Il avait en tout cas beaucoup souffert dans son enfance durant la Seconde Guerre mondiale dans l'est de l'Europe et je ne sais pas ce qu'il savait ou ne savait pas du passé de Bonnefoy.
Il est mort il y a bien des années et sa femme aussi. Difficile donc de remonter cette piste même s'il lui reste un neveu qui conserve une partie de son œuvre.
...sur les couvertures qu'il a illustrées. Il ne travaillait jamais sur commande mais on pouvait choisir dans ses œuvres celles qu'on souhaitait reproduire. Sa production a été considérable et fortement liée à la science-fiction.
Il y a des sortes de filiations étranges.
J'en vois une, littéraire, entre Jacques Spitz et Blondel-Bruss, et une autre entre Bruss peintre et Wyrs. Je ne parle pas d'influences au moins dans le second cas mais d'une sorte de connivence dans un post-surréalisme fortement marqué par la science-fiction. Ce fut probablement la raison de leur insuccès.
....J'avais rédigé un texte à la demande de Jacques qui a été reproduit dans une petite brochure. L'exposition a eu lieu dans une commune au nord de Paris, Saint-Denis ou Saint-Ouen, je ne me souviens plus, sous l'égide d'une mairie communiste qui s'intéressait beaucoup à la science-fiction peut-être dans l'espoir d'attirer ses ouailles. J'en ai gardé le meilleur souvenir. Les responsables communistes de la culture dans le 93 se sont aussi intéressés à la science-fiction, ce qui était d'autant plus surprenant que dans les années 1950, c'était exactement l'inverse, la science-fiction étant présentée comme un faux nez de l'impérialisme américain.
Merci à la Sorcière de l'espace pour les adresses de sites consacrés à Jacques Wyrs que je vais aller consulter.
C'était un très bon ami qui avait un atelier assez invraisemblable rue au Maire, si je me souviens bien, où il faisait de temps en temps des fêtes et où on rencontrait, outre moi, Curval, Ruellan et je crois bien Spinrad.
Il voulait faire une galerie de son atelier sous le nom un rien pompeux de Jacques Wyrs International mais ça n'a jamais vraiment marché. Je ne crois pas qu'il ait beaucoup exposé ailleurs car il détestait les galeristes. Il faut bien dire qu'il avait un caractère exécrable sauf pour ses amis. Je ne me suis jamais, jamais, jamais, disputé avec lui. "
la sorciere a donc trouvé le site sur wyrs et d'autres infos :
http://wyrs.fr/index.html où un échantillon représentatif de son oeuvre est exposé. Egalement une interview du peintre ( je la met pour information :
extrait du site wyrs :
? : Parlez nous de vos débuts en peinture.
JW : J'ai commencé très tôt à m'intéresser au dessin. Lorsque j'avais 10 ans, après pas mal de déplacements, ma famille s'est installée à Karlsruhe, en Allemagne. A 16 ans, j'ai voulu m'inscrire aux Beaux-Arts de cette ville. Mes parents s'y sont opposés. Alors j'ai pris une série de pastels sous le bras et j'ai été voir le directeur de l'école. Karl Hubbuch m'a reçu ; on a étalé par terre tout ce que j'avais apporté. Je n'avais aucune formation, aucune culture plastique mais en voyant mes travaux, il a pris la responsabilité de m'inscrire. L'école n'avait pas eu d'élève aussi jeune depuis cent ans.
? : Etiez-vous déjà attiré par la Science Fiction ?
JW : Pas du tout. Ce que je faisais était assez expressionniste mais déjà coloré. J'ai toujours adoré les couleurs pures ; surtout pas les bruns, ni les gris. Ce devait être une intuition car ensuite je n'ai employé que les couleurs du spectre dans ma peinture.
? : Quand êtes-vous venu vous installer à Paris ?
JW : Je suis venu une première fois à Paris en 1956. Je suis rentré quelques mois à Karlsruhe pour revenir ici au printemps 1957. Et j'y suis resté pour toujours. J'avais 19 ans. Je me suis inscrit aux Beaux-Arts, en architecture. Paris, pour moi, c'était la liberté.
? : Mais vous avez beaucoup voyagé.
JW : Je suis allé au Moyen-Orient. Ensuite, j'ai parcouru l'Afrique... uniquement pour le plaisir de voyager. Je dessinais beaucoup pendant mes périples. Curieusement, ces dessins ne portent aucune trace de l'environnement ou des différentes culture que je côtoyais.
? : Quels sont les artistes qui vous ont influencés ?
JW : Je n'ai pas subi beaucoup d'influences, pourtant un peintre m'a fortement marqué, c'est Paul Klee ; la rencontre avec Wols a été importante. Quand j'étais aux Beaux-Arts, je voyais peu d'expositions. Par contre j'aimais les rétrospectives. Cela permet d'avoir une vue globale sur la démarche de l'artiste. Je me rappelle particulièrement les rétrospectives Henri Moore et Henri Laurens.
? : Par certains côtés votre peinture s'apparente au mouvement surréaliste. Vous aimez leurs oeuvres ?
JW : J'aime bien Tanguy et Chirico. Ce qui m'intéresse, c'est la métaphysique dans l'art. On trouve cette dimension chez Tanguy : son univers est un univers de méditation.
? : Votre oeuvre est une fantasmagorie du futur. Mais vous employez des supports traditionnels. Vous n'avez jamais été attiré par d'autres techniques ?
JW : En effet, je travaille avec des moyens classiques : la toile, les colorants naturels, l'huile et le pinceau. Comme Paul Klee, mon travail terminé, je nettoie mes instruments. Il n'y a pas de taches de peinture dans mon atelier. J'essaie de peindre avec des couleurs à l'huile, stables à la lumière. Bien sûr, je suis attiré par les techniques nouvelles comme l'holographie. J'ai déjà créé des images sur ordinateur, avec un synthétiseur ou une caméra. Mais c'est très coûteux et ce n'est pas vraiment là que se situe le problème. Ce qui m'intéresse, c'est le dessin. De concevoir un univers. Après le dessin je n'ai plus de surprise. Ce qui m'excite, c'est la création. L'application de la couleur n'est qu'un travail.
? : Vos thèmes se réfèrent toujours à l'avenir ?
JW : Le présent ne m'intéresse pas. Je le vis. Ce qui est excitant, c'est le futur. Je rêve. Ca devient un peu métaphysique.
? : Je suis frappé par l'omniprésence de l'oeil dans vos toiles. Un peu comme chez Odilon Redon. En psychanalyse, la représentation de l'oeil est chargée de sens. Pouvez-vous établir un lien oeil-subconscient dans votre oeuvre ?
JW : Odilon Redon a été influencé par la magie, les récits fantastiques des écrivains romantiques anglais. J'aime bien ce qu'il fait. Chez moi, l'oeil n'a pas de sens particulier. Certains de mes personnages ont les yeux fermés. C'est une façon pour moi d'organiser ma toile.
? : Vous reconnaissez-vous dans le mouvement de la Science Fiction actuel ?
JW : J'étais lecteur de Science Fiction. Je n'en lis plus sauf de temps en temps un conte de Bradbury. J'ai participé à des congrès internationaux de Science Fiction. J'ai eu le premier prix à Boston en 1971, à la " World Science Fiction Convention " . Mais j'ai horreur du terme " Science Fiction " . C'est terriblement galvaudé. On classe dans " Science Fiction " des artistes qui relèvent du fantastique. Un peintre comme Giger ne fait pas de Science Fiction mais du macabre délirant ; Ron Walotski est beaucoup trop réaliste lorsqu'il représente un personnage allant sur la Lune. Aujourd'hui, la Science Fiction manque de poésie ; elle est devenue " politique-fiction " . Je ne considère pas que j'appartiens à un mouvement de Science Fiction. Je me classe en tant qu'original. J'ai ouvert ma galerie en 1977 ; c'est un très bel espace et, ici, j'ai pu rassembler des peintres qui ont un peu le même univers que moi : Bruss, Bartoli, Decas, Modlinger...
? : Vous avez peint toute une série " Explorateurs " qui va de l'an 2 400 à l'an 100 000. Qu'avez-vous voulu montrer ?
JW : La transformation de l'être humain à travers les millénaires, le temps qui passe. C'est la vision poétique et philosophique des temps futurs qui m'intéresse.
? : Comment les gens réagissent-ils devant vos toiles ?
JW : Ils aiment le dessin, le rythme, la couleur. Mais ma démarche leur est étrangère. Je suis incompris. Mon univers est si particulier.
Février 1985
Enfin, on trouve sur ce site un film documentaire très intéressant, Le Rêveur Sidéral, réalisé par par Jacqueline Plessis en 1973 pour la RTF : http://wyrs.fr/video.html .
Par ailleurs, Jacques Wyrs est recensé dans le livre Autour de l'art juif par Adrian M. Darmon dont on trouve un extrait ici : http://books.google.fr/books?id=YG7MhIp … 1-PA299,M1 . Le livre est un peu controversé, n'y connaissant pas grand chose, je cite uniquement. ( le lien ne marche plus ....)
resterait a trouver le texte de G.Klein dans :
le Bulletin des bibliothèque de France propose dans ses archives un compte-rendu d'une exposition "Science-Fiction" de 1973 réunissant les talents conjugués de Jacques Wyrs et... Gérard Klein.
http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1973-03-0121-001
je rajoute le texte de g.Klein paru ds horizons du fantastique no29 de 1974 ( si maitre klein le veut bien evidement , si non , je retirerais sans soucis )
et qq scans d'apres google images
Dernière modification par jeandive (26-05-2009 23:09:14)
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