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André de LOR (ne pas confondre avec André de LORDE), est un auteur totalement inconnu mais qui a œuvré au moins deux fois dans nos domaines :
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La première fois en 1911 avec un roman-étude ésotérique relativement abscond : « REVELATION D’OUTRE-TOMBE », Paul Leymarie, éditeur, 1911, Librairie des sciences psychiques. Broché petit in-8° de 110 pages avec une couverture illustrée.
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Et le second, beaucoup plus intéressant malgré son titre de roman pour enfants : « TOUTOU CHIEN ECRIVAIN », aux éditions de la Revue des Indépendants, en 1920. Petit broché in-12° de 98 pages avec une couverture décorée.
En l’An de Grâce 9999 une niche de l’An 1920 est mise à jour et son occupant en hibernation est ramené chez les vivants. Toutou Chien nous raconte alors l’histoire de l’humanité jusqu’en l’An 9999 où le règne animal-végétal-minéral domine la Terre. Une sorte de « Demain les chiens », à la française
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Absolument géant le Toutou-Chien! c'est une trouvaille mirobolante dont je suis totalement et irrémédiablement jalouse.
Si tu as le courage, un petit extrait de lecture serait la cerise sur le gâteau.
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N’ayant aucune envie de relire, malgré sa qualité, ce petit opuscule, ma table de nuit étant déjà surchargée je laisse la parole à David PETIT :
Article critique de TOUTOU CHIEN ECRIVAIN de David PETIT dans le numéro 14 du Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne, daté du 3ème trimestre 1994.
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« André de LOR dédie son livre « … à tous les enfants moralement abandonnés, riches ou pauvres » et Henri Regnault de préfacer que, dans l’esprit de André de LOR, cet ouvrage est destiné aux petits, mais que les grands le liront avec profit. En fait, le but poursuivi est de « lutter contre l’égoïsme, le matérialisme, cet étouffeur des consciences, et leurs conséquences funestes ». Dans ce sens, en avant-propos André de LOR invite les enfants à respecter les êtres, animaux, végétaux, minéraux, pour d’avantage de bonheur.
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En réalité, sous l’emballage d’une gentille histoire pour enfants (le rêve d’un toutou), André de LOR propose un texte d’idées, avec peu d’action et principalement des dialogues. En fait, mis à part les sentiments honorables exposés dans la dernière phrase du paragraphe précédent, ce roman peut paraître à bien des égards difficilement accessible à un enfant.
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L’histoire commence en 9999. UN minuscule objet de l’année 1920 est mis à jour : une niche et son occupant « endormi » : Toutou-Chien. Ramené à la vie Toutou-Chien s’éveille au milieu d’animaux qui parlent et qui sont « dix fois plus grands et plus beaux » que jadis. Ils lui apprennent que la Terre vit désormais en paix sous la présidence du Triumvirat « animal-végétal-minéral ». De son côté Toutou-Chien leur raconte comment, avec ses congénères, il a défendu sa patrie à nouveau menacée par l’Allemagne (le pays n’est pas explicitement nommé mais présenté sans équivoque possible). Grâce à leurs connaissances scientifiques, ils ont conçu et installé sur la frontière un rideau électrique qui a eu comme effet de renvoyer les projectiles mortels à leurs propriétaires. Après les retombées, Toutou-Chien a été atteint par une poussière maléfique qui l’a plongé dans une torpeur semblable à la mort.
A son tour Toutou-Chien écoute le récit des animaux, pour qui le XXème siècle évoque principalement la « barbarie civilisée » ou l’Homme « dominateur et maître » « indulgent pour lui et intransigeant pour les autres », gaspillait, prônait l’amour du plaisir et méprisait ses véritables devoirs. Les animaux qui espéraient depuis des siècles un avenir meilleur pour leurs enfants, coordonnèrent finalement leurs énergies avec les végétaux et les minéraux et firent se volatiliser la matière universelle. Dès lors, les hommes désemparés, suspendus seulement une trame électrique invisible, abdiquèrent.
Chaque grief qui leur était reproché fut clairement énoncé. Comme sentence, chacun se retrouva vêtu d’une « tunique de Nessus », imprégnée des souffrances qu’il avait personnellement infligées : peine morale provisoire mais indispensable pour prendre la voie de la sagesse. D’autre part, pour les guider, on leur dévoila une table de préceptes :
A : Tout est libre et responsable
B : Rien n’est inférieur dans la vie, mais tout est plus ou moins évolué. L’évolution étant personnelle.
C : La routine étant la moisissure du progrès, le travail est indispensable pour progresser.
D : Le développement du sentiment artistique chez un être annihile la brute.
E : L’art ne peut être parfait que si il est alimenté par le travail, l’ordre, la sagesse et la propreté
(Et la fantaisie dans tout cela ? )
Voilà comment, en 9999, l’Homme ne ressemble en rien à la bête civilisée qu’il est aujourd’hui
Dès l’âge de 1 an, les enfants travaillent dans la mesure de leurs moyens. Auparavant, chacun a été associé à un oiseau (convertissable en coursier, en voiture, en berceau….) et chacun grandit dans l’espace, maintenu par un courant chaud qui le couve. Au sol, les bébés seraient sensibles aux fluides malsains qui se dégagent de la terre.
Dans ce futur lointain, le monde a changé en bien. La « transmission de pensée » permet, en outre, la conservation systématique et éternelle de toute connaissance acquise. Juste avant sa mort, un érudit transmet par ce moyen son savoir à un autre. En outre, à sa mort, tout être se dématérialise et ses éléments vont naturellement où ils peuvent être utiles.
La matière, absolument libre, se meut par traction (ou plutôt par aimantation). Par exemple, les meubles marchent, les fourrures vivent. Les animaux, devenus distributeurs automatiques de nourriture, la fournisse par une fente sur le dessus (somme une tirelire). Les arbres se transforment au gré des besoins et des désirs, en appareils à douches, en bancs ou en arceaux. (Tout ce qui se voit est vivant) et tout se modifie à loisir. Mais rien ne peut être asservi. Nous voici donc dans un monde idyllique, où le vice et l’infirmité sont absents, où tout retourne à la Terre purifié par des filets électriques, où rien n’est gaspillé.
Le soleil, utilisé écologiquement (l’idée s’y trouve mais pas le mot) comme l’unique source d’énergie, joue un rôle essentiel lors des « noces de feu de la nature »
Il faut savoir que chaque être possède une force psychique propre (le « fluidomètre » en est l’appareil de mesure) et les noces ont pour but d’équilibrer entre eux les fluides des êtres afin de les harmoniser. Les échanges qui se produisent alors, obéissent à « la formule de la création »
A : S’abreuver à la Source Divine
B : S’y désaltérer
C : En déverser le trop plein.
Les « noces de feu de la nature » se déroulent suivant un schéma précis : « les rayons solaires allument un foyer puis, immédiatement attiré par les autres foyers le courant vient se fixer au-dessus de leur centre et l’enfantement psychique commence »
Au dernier chapitre, Toutou-Chien se réveille. Convaincu que le monde de 1920, est finalement bien proche de la vision qu’en avaient les animaux du rêve. Toutou-Chien décide de devenir écrivain, d’où ce (son) récit et le choix du titre.
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Il me semble qu’en général, les auteurs d’anticipation et (ou) de fantastique ne croient pas un traître mot des fantasmagories et des fantaisies qu’ils développent dans leurs ouvrages. Ici, la nature « fluido-psychique » des êtres (et le phénomène « électricité », qui apparaît très souvent dans le récit) doit certainement rejoindre en partie la vison métaphysique que André de LOR avait du monde. Dans un sens, ceci permet de mieux comprendre son désir de voir enfin réconcilié, les animaux, les végétaux et les hommes, désir suffisamment profond pour mener à la rédaction d’un livre.
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Pour finir, voici des mots de vocabulaire utilisés en 9999, tels qu’ils apparaissent dans le récit : « Neka » (niche), « Migrakes » (Microbes), « Knarkos » (sorte de loupe), « Karbacum » (L’interprète), « Kerlacque » (Homme), « Parkomètre » (métro à l’intérieur du globe) et « Ferkante » (France).
Il est certain que si vous êtes, vous aussi, un voyageur temporel « vanherkien », vous avez très certainement sur vous le dictionnaire bilingue correspondant, qui permet pour l’emploi du langage, d’éviter la transmission regrettable de mauvaises pensées les jours d’embouteillages temporels par exemple. Quoi qu’il en soit, surtout ne pas hésiter à se munir des ses « bulletins » pour les voyages dans le temps, voir même dans l’espace.
..David PETIT
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Holà, merci pour ce texte circonstancié!
Je regrette d'avoir raté le Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne à sa parution.
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