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#1 18-05-2012 09:14:56

Ismaël II
Membre ++
Inscription : 04-07-2010
Messages : 1 338

[Auteur] Alexis-Jean Le Bret (1693 - 1779)

Anticipation ancienne et antiquité : « LA NOUVELLE LUNE, OU HISTOIRE DE POEQUILLON » par M. Le B….. (Alexis-Jean LE BRET , 1693 – 1779).
Au moins deux éditions pour ce texte mais chez le même éditeur et la même année c'est-à-dire 1770 : A Amsterdam, et se trouve à Lille chez J. B. Henry (MDCCLXX), en deux tomes séparés ou les deux tomes regroupés en un seul volume. Les deux premiers cités sont au format in-12° (en fait au format in-16°) et le tome seul au format grand in-12° (c'est-à-dire grand in-16°). Les reliures plein veau doivent être différentes suivant les exemplaires.
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Poequillon naît à Verticéphalie, capitale de l’empire du même nom se trouvant sur la Lune. Sélénos, le Dieu de la planète, lui octroie à la naissance le pouvoir de formuler les souhaits de son choix. Seules deux conditions sont requises : ne jamais pouvoir prononcer deux fois le même souhait et attendre au moins deux ans avant de se servir d’un nouveau vœu. Autre inconvénient « mineur », il devra attendre ses quatorze ans avant de bénéficier des petits avantages que procurent ses pouvoirs. Arrivé à cet heureux âge, notre héros souhaite une montagne d’or et Sélénos accède à son désir. En peu de temps, Poequillon dilapide cette fortune et est près d’en être réduit à la mendicité.
La seconde fois qu’il s’adresse au Dieu, Chrysope –un alchimiste- lui souffle la demande de la Pierre Philosophale. Sélénos lui répond : - « Accordé », et Poequillon se trouve à l’abri du besoin matériel pour toute sa vie (la montagne d’or m’aurait suffit). Verticéphalie devient son royaume, un royaume de fêtes continuelles, son train de vie est impressionnant : cortèges d’esclaves, opulents costumes, sans compter les plus belles filles…. de la Lune, qui défilent dans ses bras.
Cependant, malgré tous ces plaisirs, il s’aperçoit qu’il vieillit et soupçonne les femmes (et curieusement les Messieurs) d’en vouloir moins à sa personne qu’à ses richesses, et cette idée lui empoisonne l’existence. Il confie alors ses peines à un Sélénopolite, originaire de la quatrième partie de la planète ( ???) ? qui lui apprend L’existence de la Fontaine de Jouvence. Evidemment, Sélénos ne peut qu’exaucer (cochon qui s’en dédie…) ce troisième vœu. L’élixir de Jouvence fonctionne fort bien, si bien même que Poequillon se retrouve tellement jeune qu’il n’est reconnu par personne et qu’il est éjecté manu-militari du Palais. Un nouveau souhait ne pouvant intervenir avant deux ans, notre héros va trouver un emploi d’aide-eunuque dans son harem et là, pendant deux ans, il se rend compte de l’état de ses domaines, qu’il va pouvoir juger par le bas : une joyeuse anarchie règne dans tous les services, comptabilité, cuisine, harem, écurie (tout le passage ressemble étrangement, en idées du moins, aux meilleurs moments des Lettres Persanes), le maître étant absent, les souris dansent.
Deux ans passent donc, et Sélénos lui rend son aspect adulte et son pouvoir. Après un bon dépoussiérage, tant moral que physique, de son palais, Poequillon décide de ne faire le bonheur que d’une seule femme et il se marie avec la belle Cyclaë, mais celle-ci meurt après une indigestion de chocolat. A sa demande suivante à Sélénos, Poequillon le prie de faire revenir sa femme parmi les vivants et de la faire vivre proportionnellement aussi longtemps qu’elle lui aurait été fidèle. Cyclaë rouvre les yeux et re-meurt aussitôt. Décidément se dit notre héros, on ne peut plus avoir confiance en personne.
N’étant pas encore vacciné contre l’amour, il rencontre une femme idéale, possédant absolument toutes les qualités, et vit de longues années heureuses avec elle. Etonné de cette perfection, il demande à Sélénos s’il existe une faille à l’amour qu’elle lui porte. A cet instant, une douleur aigüe se fait sentir quelque part dans son bas ventre, et il s’aperçoit qu’il est atteint par ce que les Luniens appellent l’ « Aphrodise». Un petit poison dans une coupe de vermeil et Poequillon se retrouve tout neuf.
Suite au don d’une puissance sexuelle équivalente à celle de tout un escadron, et après avoir commis des ravages extra-conjugaux dans la population féminine, notre héros est condamné à avoir…. Disons la tête tranchée, et il ne se sort de ce mauvais pas que grâce au pouvoir d’invisibilité. Avec ce pouvoir, allié avec sa puissance sexuelle décuplée, vous obtenez un « Homo-Deus », 160 ans avant celui de Champsaur, tout aussi lubrique que son célèbre descendant.
Le reste du livre est calme et reposant pour Poequillon qui devient mécène des Arts et des Lettres. Il  parraine un jeune auteur prometteur : Amphiluce, qui a déjà écrit : « Les Androgynes » (tragédie), « Les Amphibies » comédie » et un opéra : « Les Somnanbules ». Suivent de lourdes réflexions sur « l’Art Officiel » et sur la création privée, hors des cercles traditionnels et bourgeois. La fin de ce livre est loin de valoir le début.
Petit bouquin relativement plaisant, pas de grandes idées conjecturales originales, ce n’est d’ailleurs pas le propos de ce récit, l’auteur déclarant que l’action pourrait aussi bien se dérouler sur notre Terre. Comme les très vieux textes se rapportant à nos sujets, son plus grand intérêt réside plus dans sa rareté et fait plus la joie du collectionneur que du lecteur.

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