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Parfois, l'amateur découvre des livres inattendus sur le pavé, jetés plutôt que posés, qui ne payent pas de mine. Le vendeur a presque l'air surpris qu'il en demande la valeur et laisse tomber d'un ton un peu interrogatif : "20 centimes?". Alors, le collectionneur impénitent s'agenouille cependant pour son rituel douloureux du dimanche matin et découvre parfois un voyageur du temps, éreinté comme un vieux bourlingueur, couturé de cicatrices mais encore vaillant.
Le XXVe volume de l'Histoire Générale des Voyages ou Nouvelle Collection de Toutes les Relations de Voyages par mer et par terre qui ont été publiées jusqu'à présent dans les différentes langues de toutes les Nations : contenant ce qu'il y a de plus remarquable, de plus utile et de mieux avéré dans les pays où les voyageurs ont pénétré : avec les mœurs des habitants, la religion, les usages, arts, sciences, commerce, manufactures, etc, pour former un système complet d'Histoire et de Géographie moderne qui représente l'état actuel de tous les nations. - Enrichi de cartes et de figures, Librairie Didot, 1749, avec Approbation et Privilège du Roi fait partie de ces aristocrates imprimés, égarés au cours des ans jusqu'à s'étaler sur le trottoir comme de misérables déclassés perdus dans la plèbe sentimentale des romans à deux sous. Ce titre si ronflant qu'il asphyxie le lecteur moderne enchante le preux Don Quichotte des bibliothèques surchargées, et faisant fi de l'allure pitoyable du volume, il s'en accapare d'un oeil gourmand.
Quel bonheur alors de feuilleter l'infirme, après avoir baigné et pansé ses plaies les plus offensantes, et de découvrir que le récit commence au XVe siècle en Tartarie Orientale et au Tibet, dans un monde étrange peuplé de Kalkas, d'Eluths, de Bukkariens, de Uch-oks et de Bussuks dirigés par les khans et leurs conseillers aux noms tout aussi improbables, Oguz, Bussuktu ou Vigur, listés dans des chronologies de mérite, peuples flamboyants dont les us et coutumes émerveillent à chaque phrase.
Au bout de quelques pages, la lectrice charmée mais perplexe sent que ce récit scientifique d'un autre âge sûrement, trois siècles presque se sont écoulés, échappe cependant à la rigueur d'un Diderot contemporain et qu'il s'y mêle bien trop de faits extraordinaires pour qu'il n'y ait pas de l'Imagination instillée dans ces pages. Alors, quittant le papier vergé, elle tapote le clavier pour apprendre que cette collection, longue de plus de 60 volumes réunis par un certain John Green, parut initialement de l'autre côté de la Manche avant que l'Abbé Prévost n'entreprit de l'adapter pour le public français. Le père de Manon n'entendait pas sacrifier aux canons stériles de la science qui laisse froid mais y mêler ce que la création permet de licence pour frapper le coeur. Il n'hésita donc pas une seconde à élever quelques pans de l'Iliade ou de l'Odyssée à l'état de savoir et enlumina littéralement les connaissances des âpres peuplades asiatiques dont voici un extrait choisi.
A présent que vous avez en main quelques pièces de conviction, réfléchissez! Titre à rallonge, série de plus de 60 volumes, cartes géographiques, noms étranges, règnes interminables, guerre du "thrône", généalogies détaillées, joutes extraordinaires, arbres gigantesques couronnés de poules précieuses, arme de pouvoir... allons?...
OUI! notre abbé à nous, en France, est un précurseur de la Fantasy moderne!
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Parfois, l'amateur découvre des livres inattendus sur le pavé, jetés plutôt que posés, qui ne payent pas de mine.
L'image est d'autant plus adaptée que tu as trouvé une jolie pépite.
Le vendeur a presque l'air surpris qu'il en demande la valeur et laisse tomber d'un ton un peu interrogatif : "20 centimes?". Alors, le collectionneur impénitent s'agenouille cependant pour son rituel douloureux du dimanche matin et découvre parfois un voyageur du temps, éreinté comme un vieux bourlingueur, couturé de cicatrices mais encore vaillant.
Ta chance insolente (tout autant que méritée !) inflige un heureux démenti à la folie d'un monde oublieux de ses vétérans...
Point n'ai/n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.
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Je me suis bien amusée et je te remercie mais si tu veux lire le récit d'une véritable chance insolente, je te conseille la dernière trouvaille de Teddy qui en est devenu muet ici depuis!
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