Forums BDFI

Ismaël II

Membre ++

Inscription : 04-07-2010

Messages : 1 338

(Auteur) Catulle MENDES

Catulle MENDES, 1841 - 1909, poète et décadent souriant, auteur de nombreux romans, nouvelles et pièces diverses. Moins connu que Jean LORRAIN mais plus subtil que DUBUT de LAFOREST.
...........
"POUR LIRE AU BAIN", édition Originale chez Dentu en 1884 au format in-8° et comportant 154 illustrations de Fernand BESNIER. Seconde édition chez Flammarion en 1897, dans la collection des "Auteurs Célèbres",  au format petit in-12° de 242 p.
Ce petit recueil renferme quatre textes de nos domaines dont trois textes mythologiques fantastiques: "LE PETIT FAUNE", "SOUS LES LAURIERS ROSES" et "L'IMAGE QUI PARLE" et un formidable texte d'anticipation (surtout en 1884) qui est relativement court et que vous trouverez en intégralité ci-dessous:
.........................................
"AU VINGT ET UNIEME SIECLE" Par Catulle MENDES (texte intégral)
..........................................
"C'est l'heure du tour du lac. Les deux adorables épouses, étendues sur les coussins de la voiture, s'emmitouflent dans les fourrures, et les cheveux de Laure sont tout en or, et les cheveux de Jane sont d'ébène bleu comme l'aile des corbeaux, sous la clarté fraîche du soleil d'hiver. Il y a bien des jours qu'on ne les a vues. Trois mois entiers. Après la belle fête de leurs noces, où fut convié le tout Paris illustre et mondain, -leur union était non seulement celle de deux exquises créatures, mais c'était aussi l'union de deux familles princières, - elles sont allées cacher, dans un château de Bretagne, près de la mer, les premières délices de leur bonheur. Longue et trop courte lune de miel! Maintenant, elles sont de retour, elles rentrent dans le monde; la foule élégante, heureuse de les revoir, les considère et les salue avec un tendre respect. Car leur amour a sa légende, noble et attendrissante. On sait qu'elles se sont longtemps aimées, avant de pouvoir avouer qu'elles s'aimaient; que leurs parents, -par des raisons d'intérêt-, ne voulaient pas consentir au mariage. S'adorant, elles auraient pu se révolter, s'enfuir. Mais, c'étaient d'honnêtes fiancées qui voulaient se conserver intact pour le lit nuptial. Elles ont eu, malgré leur désespoir, la patience des passions vraies. Et c'est à force de résignation douloureuses et de muettes prières qu'elles obtinrent enfin d'être l'une à l'autre! A cause de cette légende on les aime et on les honore. Tous se découvrent lorsqu'elles passent, et des chuchotements sympathiques, de toutes part, les environnent. On a tort de dire que Paris est égoïste et frivole, qu'il s'intéresse seulement aux aventures scandaleuses; il sait rendre justice à l'honnêteté, aux sincères amours et se réjouir des vertus récompensées. Elles, cependant, dans la voiture lente, s'enivrent du doux triomphe, ayant la conscience de l'avoir bien mérité, et répondent au saluts par des sourires heureux. Mais Jnae, tout à coup, a froncé le sourcil.
-Laure, ma chérie, dit-elle, pourquoi as-tu fait un signe de la main à cette amazone?
-Tu ne la connais pas? C'est Marguerite de Lizolles, une de mes amies de pension, il faudra l'inviter à nos bals.
-Non certes! Marguerite de Lizolles est de celles qu'une femme de ton monde ne doit pas recevoir, ne doit même pas être connue.
-Marguerite? Qu'a t-elle donc fait?
Jane hésitait
-Je ne sais si je dois te le dire, à toi si pure et si parfaite.... Elle s'est mariée
-Eh bien! ne sommes-nous pas mariées, nous aussi?
-Grâce au ciel, mon doux ange! Mais, elle, c'est un homme qu'elle a épousé.
-Oh! dit Laure en rougissant.   Catulle MENDES
..............................................................................
Nous allons sérieusement nous pencher sur le cas de Catulle dès fois que... Si quelqu'un a entendu parler ou a lu: "POUR LIRE AU COUVENT", qu'il le dise ou se taise à tout jamais. Isma